
La Panthère noire
- Carole Galand
- 4 août 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 5 août 2024
Jeudi 25 juillet:
Le matin nous nous rendons au marché de San Pedro. Nous allons y petit déjeuner et acheter un cadeau pour un ami.
Aujourd'hui, nous allons retrouver Alberto, le guérisseur et "ambassadeur" de sa communauté Mashigengas et Waichipeiris qui se trouve à Huacaria, dans le Parc de Manu. Depuis la pandémie, il est devenu très occupé. Beaucoup lui demandent de l'aide pour toutes sorte de maux. Il a un lieu de consultation à Cusco pour recevoir le grand nombre. Shintia, sa nièce, est son assistante. Elle nous accueille. Je suis ravie de la rencontrer. Nous avions beaucoup échangé par téléphone auparavant.
Dans la grande salle d'accueil, se trouvent des tables remplies de toute sorte de plantes séchées et de bouteilles de liquide ocre de médecine.
Comme Alberto est encore en consultation, elle s'est faite spontanément conteuse pour patienter. Ses histoires sont médicines. Elle nous explique son lien familial avec Alberto. La mère d'Alberto était la grand-mère de Shintia. Elle était Mashigenga. Elle était femme médecine. Elle disait toujours que quand elle serait vieille, elle partirait dans la forêt pour disparaître. Elle s'appelait Ana. Elle a transmit son savoir à Alberto. Quand l'âge fut mûr, elle s'est éclipsée dans les bois. Personne ne l'a jamais retrouvée. Les anciens préfèrent disparaître pour ne pas donner de peine aux proches, un peu comme si on ne mourrait pas vraiment. Tout le village était persuadé qu'elle s'était transformée en jaguar. Shintia connaissait cette histoire. Ana, sa grand-mère, lui disait souvent de faire attention aux "gatos salvajes del bosque" ( les chats sauvages des bois). Shintia petite, s'était toujours imaginé des chats de petite taille moins domestiqués que les autres. A partir de 7 ans elle a dû quitter la jungle. Ce n'est que quand elle eu atteint la vingtaine qu'elle revint au village pour s'occuper des enfants. Elle marchait beaucoup entre la petite ville de Pilcopata et la communauté dans les bois. Un jour, elle vit à quelques mètres, un énorme chat noir. Elle se rappela sa grand-mère et se dit enfin qu'elle avait pu voir un des chats dont elle parlait. Shintia lança un caillou pour lui faire peur. Le chat se retourna et s'en alla. Shintia poursuivit son chemin mais se sentait surveillée. Elle réalisa que le chat était peut-être une menace vu sa taille. Elle se mit à courir et rejoignis le village. Alberto, son oncle, la voyant essoufflée, lui demanda ce qui s'était passé. Après lui avoir conté l'aventure, Alberto lui expliqua que c'était sans nul doute sa Grand-mère qui lui avait rendu visite si non, l'animal n'aurait pas retroussé chemin. Et Shintia ne serait pas là maintenant pour nous conter l'histoire. L'atmosphère de la pièce devenait de plus en plus "présente". Elle nous conte ensuite, comment sa mère, la sœur d'Alberto, s'est miraculeusement guéri d'un cancer avec le pardon, la discipline, l'amour et les plantes d'Alberto. Cette dernière histoire très touchante et épique a fait que Shintia a quitté sa carrière d'avocate et qu'elle apprend le métier de guérisseuse avec Alberto.
Alberto sort de son cabinet et nous nous jetons dans les bras. Il est très surpris de la taille de Chaska et Luna. Il conclue sa consultation avec son patient. Pendant ce temps, Shintia donnera un massage de "déblocage énergétique" à Chaska.
C'est une courte mais bonne session pour elle. Je demande à Alberto de le voir avec Luna pour ouvrir la conversation sur le sujet de guérison shamanique.
Nous nous quittons en espérant nous retrouver dans la communauté l'année prochaine.
Nous rentrons à l'hôtel et rapidement attrapons un véhicule publique pour nous rendre dans la Vallée Sacrée à 1h30 de Cusco. C'est un long canyon d'à peu près 200 km regroupant différents sites Incas.
Nous arrivons à Urubamba ( lieu de l'araignée) où nous avons vécu quelques années. L'accueil à l'hôtel est à nouveau très sympathique. Et surtout, pour la première fois depuis longtemps, nous avons des lits très confortables.







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